URNE

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

« La vérité des urnes !… » C’est ce qu’a déclaré hier Marc Ravalomanana, après le nouveau décompte des voix, suite à l’élection présidentielle à Madagascar, qui le crédite de plus de 50% des voix au premier tour, et semble attester sa victoire. Pourquoi la vérité des urnes ? Ce mot d’urne, on l’entend beaucoup en ce moment, à propos de toutes sortes d’élections… puisqu’en France, nous sommes également entre deux tours… dans une période électorale ; et qu’on entend bien souvent ce slogan, qui incite les gens à voter : « Aux urnes, citoyens ! ». Il s’agit, bien sûr, d’un détournement d’un vers de la Marseillaise : « Aux armes citoyens ! » ; vers une version plus pacifique et plus civique. Voter, c’est donc « aller aux urnes, se rendre aux urnes… »

Le mot « urne » fonctionne alors comme métonymie de la « votation » (le mot est plutôt suisse), une image de cette activité dans son ensemble, qui aboutit à une élection par le moyen de suffrages exprimés. On comprend donc des expressions comme « la sanction des urnes » ; « le verdict des urnes… ».

Mais qu’est-ce qu’une urne ?
Le mot vient du latin urna, et désigne d’abord un grand vase, qui -en général- sert à puiser et à conserver de l’eau (« Waterloo, Waterloo, Waterloo, morne plaine/Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine… » écrivait Victor Hugo, dans un texte dont les deux premiers vers sont restés célèbres…) ; puis un récipient dans lequel on recueille et conserve les cendres d’un mort. Ce sens existe encore, de façon tout à fait courante, mais en général, on précise « urne funéraire ». Il a désigné, jusqu’au XVIIème siècle une mesure de capacité, mais ce sens aujourd’hui totalement perdu.

Un autre usage, beaucoup plus récent, le fait entrer dans le vocabulaire politique : l’urne est la boîte dans laquelle chaque électeur dépose son bulletin de vote. La boîte est percée d’une fente, pour qu’on puisse y glisser le bulletin, sans qu’on puisse l’en retirer. L’urne est bien sûr cadenassée, et en France en tout cas, transparente, pour éviter, ou tenter d’éviter au maximum les fraudes électorales. Ainsi est-il bien plus difficile de « bourrer » les urnes, c’est-à-dire de rajouter après coup des bulletins qui n’ont pas été déposés par des électeurs.