MOBILE

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

C’est aujourd’hui que prend fin le périple du train, intitulé « cité mobile »… qui s’est voulue une plate-forme d’échanges sur le thème de la citoyenneté dans les transports et les espaces publics. On comprend bien l’intitulé de cette manifestation : cité… qui renvoie à la ville, à l’espace partagé… et on sait que, quand on dit « cité » aujourd’hui, ça renvoie le plus souvent à des banlieues, ou des villes plutôt déshumanisées, où il n’est pas toujours très facile de vivre, où les problèmes de communication entre les gens peuvent poser des problèmes… Et mobiles parce que l’adjectif renvoie aux transports.

Est mobile ce qui bouge… ce qui n’est pas immobile. Et le mot automobile (ce qui se meut de son propre fait) ancre le suffixe dans la langue des transports modernes… Bizarrement, on n’a pas d’autre formation de ce type, en français… A part peut-être « dormobile », qui n’a pas survécu, et qui a désigné à une certaine époque les caravanes (transcription vraisemblable de l’américain « mobile home »).

En revanche, la mobilité est un mot et une idée qui a le vent en poupe. Le mot désigne, par exemple, la capacité des gens à déménager, donc à changer de lieu de résidence… voire de région de résidence. Et, on parle aussi de mobilité professionnelle pour évoquer la faculté à changer d’emploi ou d’employeur. L’idée est plutôt positive, et évoque une capacité d’adaptation, une souplesse de méthodes et de pratiques. Il faut dire que l’immobilité n’a pas toujours bonne presse… Elle évoque plutôt l’engourdissement, la passivité. Et alors lorsqu’on parle d’immobilisme, c’est bien pire… dans la mesure où ce mot évoque une manière d’attentisme, une peur de bouger, de prendre un risque, d’emprunter une direction. Le mot est fréquemment présent dans le vocabulaire politique, et il est le plus souvent employé de la part de quelqu’un qui n’a pas le pouvoir et qui critique celui qui l’a : Il a le pouvoir et il ne fait rien, il n’agit pas… critique facile et largement pratiquée par les orateurs politiques de tout bord.