BACCHUS

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

C’est aujourd’hui que se termine le 39ème congrès mondial bachique, congrès qui permet de déguster tour à tour des vins du Lubéron, du Ventoux, du Châteauneuf du Pape… et un colloque sur les vins du Nouveau-Monde… Une réunion, somme toute, plutôt sérieuse, ce que ne laissait pas forcément augurer l’adjectif bachique, qui n’évoque pas une manifestation sobre ou bien pensante.

Bachique, en effet, évoque un usage du vin immodéré (contrairement aux slogans anti-alcoolique – « consommez avec modération »…), évoque les délires de l’ivresse, et l’oubli de soi. Une fête bachique fait donc penser à une truculence qui se lâche, à un temps qui va suspendre les bonnes manières et les bons usages.

Car bachique vient de Bacchus, le dieu du vin latin, qui n’allait pas seul, en général, mais avait toute une suite de Silènes, de satyres, et de bacchantes, un mot qui, avant de désigner familièrement en français, de grosses moustaches, renvoyait à des déités féminines, inquiétantes, dépoitraillées, d’une force extrême et dangereuse, qui se livraient, sous l’empire de l’alcool, à des danses folles et désordonnées.
Et, en plus de Bacchus et de bacchantes, on a aussi le mot bacchanale – fêtes antiques et très populaires, qui correspondaient à un genre de carnaval débridé qui permettait qu’on se vengeât des avanies du quotidien.

Si le nom de Bacchus n’a pas d’histoire personnelle à proprement parler, il n’en est pas de même avec son homologue grec, Dionysos qui signifie deux fois né. Car Dionysos était, comme beaucoup d’autres, fils de Zeus, et de la belle Sémélé, qui aurait eu mauvaise grâce à refuser les œillades d’un soupirant, qu’on connaissait dans le civil, pour le dieu des dieux. Mais Sélémé était coquette et, un jour, elle se permet de demander à Zeus de lui apparaître dans toute sa splendeur, avec tous ses attributs. Zeus, qui avait juré de lui exaucer son souhait, quel qu’il fût, dut s’exécuter et apparut environné de tous les éclairs qui lui servaient d’apparat ordinaire. Mal en prit donc à la belle qui fut foudroyée sur le champ. On a beau s’appeler Zeus, on ne ressuscite pas toujours les morts, et le dieu se contenta de retirer du ventre de sa bien-aimée, l’enfant qu’elle portait. Mais l’enfant n’était pas prêt encore à naître. Zeus s’ouvrit donc la cuisse, y fourra son fils, qui en ressortit quelques mois plus tard… Deux fois né, donc, et pour de bon sorti de la cuisse de Jupiter.