BONHOMME

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

Après le discours du Premier ministre français devant le Parlement, voilà qu’on parle à propos de son style, de « libéralisme bonhomme ». Cela correspond assez bien à tout ce qu’on a dit depuis sa nomination, de son allure, de sa figure, de son attitude… c’est-à-dire peut-être pas de la politique qu’il va mettre en œuvre, mais de l’image qu’il veut donner. Bonhomme… c’est-à-dire simple et modeste, peu intimidante, mettant en avant des apparences de bon sens.

Bonhomme est un vieux mot français, aisément décomposable : un bon homme… en ancien français, le mot va assez tôt s’appliquer à la figure du paysan. Le prénom Jacques le désigne… Le patronyme Bonhomme va le suivre : Jacques Bonhomme, c’est le croquant. Et le bonhomme, bien sûr, est le symétrique inverse du gentilhomme.

Puis, le mot va glisser d’une allusion sociale à une autre plus individuelle : le bonhomme est un homme d’un certain âge : il s’oppose au jeune homme… c’est l’homme naïf, puis facilement le mari trompé.

Aujourd’hui, le mot s’emploie encore couramment, mais souvent avec un sens plus neutre : le bonhomme est le quidam, l’inconnu : « un bonhomme qui passait m’a indiqué mon chemin ».
Mais, le mot a pris également un autre sens : le bonhomme évoque une silhouette : un bonhomme de neige, un bonhomme dessiné en trois coups de crayon, un petit bonhomme vert qui incarne un martien… et dans ce sens, le mot est vraiment d’un seul tenant : au lieu, au pluriel de dire des bonshommes, on dira plus souvent (et de façon un peu enfantine) des bonhommes.

Enfin, la bonhomie correspond à une certaine bonne humeur, un peu fataliste : une façon de prendre les choses du bon côté, mais avec un air de dire… ça passera…