PALUDISME ET MALARIA

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattazio

Du nouveau sur le paludisme : les gènes du moustique qui transmet la maladie ont été décodés. Mais qu’est-ce donc que le paludisme ? C’est la fièvre paludéenne, ou paludique, ou même jadis, palustre, c’est à dire la fièvre des marais. Car palus, en latin veut dire marais, ce qu’opportunément nous rappelait André Gide dans son récit lunaire et poétique, « Paludes ». Pourquoi ce rapport entre les marais et cette maladie ? Parce qu’on pensait que le climat malsain des marais favorisait ces insectes, qui en effet prolifèrent dans des climats humides et souvent tropicaux, mais pas seulement tropicaux. Le paludisme s’abrège d’ailleurs facilement en palu : crise de palu, attaque de palu.
Mais le paludisme a un synonyme : la malaria. Et le sens de ce mot se rapproche de l’imagerie évoquée par le paludisme. Il ne s’agit plus précisément des marais, mais de l’air malsain qui les entoure : « mal aria », le mal air, le mauvais air, l’air vicié. Origine italienne, qui a transité par l’anglais avant de s’établir en France. Première attestation dans un récit de voyage d’un Anglais en Italie, Sicile, Grèce.
Car l’air est censé être putride, plein de miasmes. Etymologiquement, le miasme, c’est la souillure (ça vient du grec), et notamment le contact avec un mort, à la fois sacrilège et qui rend impur. Et progressivement, le mot a désigné des effluves, des émanations dont on supposait qu’elles étaient malsaines, porteuses de maladie, pathogènes. Et on considère que ces émanations proviennent de la décomposition de matières animales. Ce sont donc les effets du pourrissement dans l’air. C’est en effet dangereux, mais surtout, ça évoque un milieu particulièrement nocif. De même que l’adjectif putride, qui dérive de putréfaction, nom savant qui évoque le pourrissement, et la décomposition.