UNANIME

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

100% ? 100% ! C’est rare pour un résultat d’élection. C’est pourtant celui qui a été déclaré par les autorités irakiennes, suite à la consultation populaire nationale qui a marqué l’Irak avant-hier. A-t-on dit que le oui à Saddam Hussein avait été unanime. On l’a dit. Et pourtant, il faut bien remarquer que ce mot d’unanime, s’il s’emploie à propos du résultat d’un vote, ne s’emploie pas à l’ordinaire à propos d’un résultat national. Pourquoi ? Parce que le résultat d’un vote national n’est jamais unanime. Enfin, presque jamais. Unanime signifie que tous les suffrages sont allés dans le même sens. Que pas un seul n’a marqué une opinion contraire. C’est ça l’unanimité. Et ce dernier nom s’emploie bien souvent dans un sens adverbial : à l’unanimité. Ou à l’unanimité des voix. A l’unanimité des présents. Parfois on module : à l’unanimité moins une, moins trois voix… C’est à dire que tout le monde était d’accord. Ce qui arrive souvent quand le nombre des votants est de quelques dizaines. Voire un peu plus. Mais pour quelques millions, c’est étonnant.
En plus de ces emplois arithmétiques, on emploie unanime pour désigner un mouvement d’ensemble : le oui, la joie, l’enthousiasme était unanime. C’est à dire partagé par tous ceux qui sont là. Comme s’ils avaient répondu d’une seule voix. Ou d’une seule âme. Ce qui est l’étymologie du mot unus animus. Un seul esprit, un seul souffle.
L’unanimisme, lui est un mot qui désigne un courant littéraire, qui est lié au romancier Jules Romains. Lui qui, au début du siècle, dans un grand élan solidaire, voulait parler des mouvements collectifs et de l’histoire des masses…