ANTICORPS

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

« Anticor »… C’est le nom d’une toute nouvelle association politique dont le but avoué est de lutter contre la corruption en politique. Louable idée qu’on doit à trois élus socialiste qui veulent inviter à les rejoindre les élus qui appartiennent à la droite comme à la gauche dans un même souci d’honnêteté et de moralisation de la vie publique. Anticor comme anti corruption donc. Mais si ce nom est bien choisi, c’est qu’il fait calembour avec anticorps, un mot qui appartient au vocabulaire de la biologie et de la médecine. Ce mot qui date de 1900 désigne une substance qui sert à protéger un organisme, en luttant contre des effets toxiques éventuels, en luttant contre des organismes qui attaquent. Comment comprendre le mot ? L’anticorps lutte contre des corps préjudiciables.
Et bien souvent tout le vocabulaire médical recourt à des images qui sont celles de la lutte et de la guerre. On trouve ainsi à plusieurs reprises le préfixe anti : on a aussi l’antigène – même si le mot est plus spécialisé et qu’il n’apparaît quasiment jamais dans le vocabulaire courant. Et anti, dans cet emploi signifie clairement « qui lutte contre… » un peu comme dans antichar ou antiaérien. On est dans le langage de l’armée et dans un sens multiple : à la fois neutraliser ce qui existe et qui attaque, le détruire ou, plus en amont, l’empêcher de se construire et donc d’attaquer.
Parallèlement à anticorps, on peut se souvenir du contre poison. Un mot beaucoup moins savant, mais qui lui se situe clairement dans l’après-coup : le contre poison étant censé annuler ou effacer les effets d’un poison absorbé précédemment.
Il y a d’autres mots dont l’origine, plus ou moins transparente, font appel à ce genre d’images. La prophylaxie par exemple. Puisqu’en grec, phulax signifie garde, celui qui veille sur la sécurité (d’un lieu ou d’une personne) et qui empêche qu’on y pénètre ou qu’on l’attaque. Les mesures prophylactiques sont donc celles qui vont sauvegarder la santé de quelqu’un. Mais là on est toujours dans une idée de prévention : non pas combattre le mal, mais empêcher qu’il arrive.