POURQUOI

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

Why note. C’est le nom d’un festival de musique contemporaine qui se déroule actuellement à Dijon, dans le centre de la France. On peut se demander pourquoi cette anglicisation du titre mais bah, Musica, le grand festival de Strasbourg n’arbore pas un nom plus français. Notons au passage le calembour : c’est why note, et non why not. Ça évoque donc à la fois la question « pourquoi des notes ? » problème vital de la musique contemporaine et pourquoi pas ?Ce qui serait le sens de l’expression anglaise « why not » ?
Et en effet, pourquoi pas ? Cette dernière expression, fort pratique quand on ne sait pas très bien quoi répondre, et qu’on est intrépide, est à la fois souriante et incitative. Et on la trouve encore parfois comme enseigne de bistrots, invite malicieuse à dévier d’un chemin trop rectiligne pour être la voix royale du Paradis.
Pourquoi est d’abord un mot interrogatif, formé de façon très transparente : pour quoi, expression qui s’est soudée très tôt en français.
Le mot sert à des interrogations directes ou indirectes. Indirectes ? Je me demande pourquoi son chapeau est de travers ? Dis-moi pourquoi tu pars avec Anatole ? J’ai compris pourquoi il ne me disait plus bonjour.
Directes ? On trouve alors le mot en tête de l’interrogation : pourquoi tu ris ? Pourquoi le ciel est-il bleu ? Pourquoi Ravaillac en voulait-il à Henri IV ? Ou même « pourquoi ?» tout seul, mot-phrase et question terrible.
Ce mot de pourquoi sert parfois de nom commun, et signifie alors « cause ». J’ai enfin compris le pourquoi de tous ces mystères. Tournure un peu guindée et vaguement littéraire. Parfois aussi plus familière : il m’a fait trente six pourquoi. Parfois encore, on l’utilise comme synonymes de question oiseuse : il m’a expliqué pendant une heure le pourquoi du comment.
Pourquoi s’utilise aussi dans des phrases déclaratives. Voilà pourquoi votre fille est muette. C’est pourquoi je m’en vais.
Quant au symétrique de pourquoi dans une réponse, c’est un mot différent : parce que. Mais ceci est une autre histoire.