CARPE DIEM

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

Ce soir et jusqu’au 8 décembre, on pourra entendre à Paris un programme musical autour du thème d’Orphée, interprété par l’ensemble Carpe Diem. Un nom sur lequel j’aimerais m’arrêter un peu. La citation est assez connue et fréquente : c’est une phrase latine qui signifie « cueille le jour. Et ce conseil qui ressemble un peu à un aphorisme signifie plus clairement « profite de la vie ». Cette image de cueillir pour dire profiter remonte au latin et au français de la Renaissance. C’est d’ailleurs une image qui apparaît de façon presque obsédante chez Ronsard : « Cueillez si m’en croyez les roses de la vie » C’est un conseil donné à une jeune fille pour qu’elle jouisse de sa jeunesse, de sa beauté éphémère pendant qu’il en est temps. Conseil un peu intéressé parfois : Ronsard ne dédaignait pas d’en profiter avec ses dédicataires. Et le jour est donc implicitement comparé à une rose.

C’est ce qu’on peut appeler une philosophie épicurienne. C’est à dire conforme à la pensée d’Epicure. Ou plutôt à ce qu’on en a fait. Car Epicure, philosophe grec qui a vécu entre le 4ème et le 3ème siècle avant J.C. nous a laissé une doctrine raisonnée du plaisir. Et ce qui en ressort est plutôt dune sorte d’épure des affections, une morale du dépouillement. On est bien loin de la recherche à tout crin du plaisir à quoi on a voulu la ramener.

Mais le sens actuel de l’adjectif épicurien renvoie le plus souvent à cette façon d’être du jouisseur : celui pour qui la valeur suprême est le plaisir.
Alors l’épicurien, c’est l’hédoniste ? Presque. Encore que ce dernier mot fasse plus spécialement penser aux plaisir de l’amour. Si d’un point de vue phonétique, hédonisme est proche d’érotisme, cette proximité s’est retrouvée dans le sens qu’on prête ordinairement à ce mot.