PROHIBITION

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

Interdiction de vente de tabac aux moins de 16 ans. Bonne ou mauvaise décision ? Réaliste ou pas ? Difficile à appliquer ? Voilà qui alimente les conversations, et qui fait ressortir du bois le mot de prohibition : va-t-on vers une prohibition du tabac ?
Et si ce mot fait jaser, c’est qu’il a une histoire. Prohibition veut dire, on le sait interdiction légale. Mais quand on parle de la Prohibition, à laquelle on adjoint parfois une majuscule, on fait référence à une interdiction et à une période particulières.
Cela nous ramène aux Etats-Unis en 1919, au moment où l’on vote le Volstead act, un amendement à la Constitution qui interdit formellement le commerce et l’usage de l’alcool. Ce Volstead act est également nommé National prohibition act, ce qui rend célèbre en France (et ailleurs) ce mot anglais dont l’image se réfléchit aisément en français, puisqu’il existe aussi, avec la même orthographe, dans notre langue.
La loi est fédérale et doit donc s’appliquer partout aux Etats-Unis, et c’est la police fédérale qui est chargée de la faire appliquer. Les effets pervers d’une telle loi sont multiples : organisation d’un trafic prospère, floraison du gangstérisme, corruption de la fonction publique, racket des petits commerçants, bourgeonnement de tripots clandestins, ruissellement d’alcools frelatés, dont l’usage se paie au prix de sa santé sinon de sa vie. La réalité et la légende de la mafia s’enchevêtrent Sulfateuses et speakeasies font bon ménage. Tout un vocabulaire s’installe donc. Y compris prohibitionniste et anti-prohibitionniste, sur le modèle abolitionniste.
Attention, si le mot prohibition est très marqué par cet épisode de la vie américaine, le verbe prohiber est d’un emploi bien plus libre et signifie souvent interdire l’usage de quelque chose.
Et faisons également un sort à l’adjectif prohibitif, qui, par extension de sens s’applique en général à un prix. Un prix prohibitif est si élevé qu’il dissuade d’acheter le produit en question.