ULTIMATUM

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

La prochaine résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU aura-t-elle valeur d’ultimatum ? Le mot en tout cas court un peu partout ! Bonne raison pour l’interroger.

Dans le langage courant, ce mot a à peu près la valeur de « dernier avertissement » Quelque chose qui s’apparente un peu à la menace, mais qui trace une limite, et qui indique le plus souvent une date, un délai, le plus souvent très court. Si d’ici demain midi, tu ne m’as pas payé tout ce que tu me devais, je te mets dehors, et tu chercheras un autre logement. Ca passe un peu pour la limite qu’on arrête, pour mettre fin à une période de négociations ou de discussions, ou les tergiversations, les compromis étaient encore envisageables. Le mot porte donc un caractère d’irrévocabilité. Et l’ultimatum est en général lancé par celui qui a le pouvoir, qui est dans la capacité de mettre à exécution sa menace.
Si le mot vient du latin, il est construit sur une racine bien compréhensible en français : Ultime, qui donne bien cette impression que c’est la dernière fois qu’on accorde un délai, si court soit-il, la dernière fois qu’on a recours à la parole, avant de recourir à la force . Ultimum en effet signifie « qui est situé tout à fait au-delà », donc dernier.
Le mot n’appartient pas au latin classique, mais on l’emprunte à l’adjectif ultimatus du latin médiéval. Et dans un lexique politique, on l’aperçoit à partir du 14è s, notamment en Allemagne, sous la forme ultimatum consilium. Le mot latin a encore une claire fonction d’adjectif : dernier, avis, dernière décision. Au 18è s., il prend sons sens actuel, et s’emploie surtout dans un contexte politique.

Il a bien sûr quelques synonymes, mais dont les domaines premiers d’usage sont quelque peu différents : sommation par exemple, plus immédiat… et surtout plus militaire. Et mise en demeure qui a à peu près le même sens mais n’appartient pas au départ au monde de la diplomatie.