ENCHERES
Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio
C’est aujourd’hui que commence la dispersion des collections d’André Breton . L’affaire a ému, elle émeut encore : on sait que Breton, « pape » du surréalisme et collectionneur au flair inégalable avait rassemblé une collection d’œuvres d’art, contemporain ou traditionnel tout à fait exceptionnelle. Mais ne nous laissons pas gagner par une trop grande inquiétude :on sait aujourd’hui que la plupart des pièces importantes seront rachetées par l’Etat français. On vient d’utiliser les deux mots rassemblement (pour le collectionneur) et dispersion (pour le vendeur). On a là les deux mouvements clés. Et il est vrai qu’on parle de dispersion lorsqu’une collection est offerte à l’appétit des enchérisseurs.Alors qu’est-ce qu’un enchérisseur ? Celui qui fait monter les enchères. Mais qu’est-ce qu’une enchère ?
Une vente aux enchères est une vente publique, au cours de laquelle des biens sont proposés à des acheteurs éventuels, à un certain prix. Si un acquéreur se fait connaître, il paye donc le prix demandé pour emporter l’objet. Mais si un autre convoite le même objet, il peut proposer une somme plus importante. Il « enchérit » l’objet, c’est à dire lui donne une importance plus grande, littéralement le rend plus cher. Il en rajoute au sens propre. Et si le premier acheteur (ou un troisième d’ailleurs) propose encore plus, on peut dire qu’il surenchérit. On appelle donc enchères ce processus d’accroissement progressif du prix proposé et qui s’accompagne non seulement d’un vocabulaire particulier (Commissaire priseur, celui qui dirige la vente ; adjudication, attribution définitif de l’objet mis en vente), mais aussi de tout un rituel de gestes et de paroles, et même d’une rythmique parfois tout à fait musicale. 100 F à ma droite, 200 F à ma gauche, 250 derrière… 250, 250 ? ? ? Ah 300 au deuxième rang… 300… une fois, deux fois, trois fois… Jusqu’à ce que le marteau frappe la table pour déclarer l’objet définitivement attribué : adjugé, vendu !
Alors, bluffe-t-on parfois, à ce jeu-là ? Ca peut arriver, mais la sanction est lourde si on n’arrive pas à suivre. C’est à dire si on propose une enchère qu’on ne peut pas tenir, qu’on est incapable de payer. Et on appelle ce tricheur un « fol enchérisseur ».