PLANQUE

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

De Cézanne à Dubuffet…
C’est le titre d’une exposition de peinture qui se tient actuellement à l’Hôtel de Ville de Paris, et qui présente au public les toiles d’un collectionneur. Jean Planque. Joli geste que de montrer une collection privée, même si le nom du collectionneur fait sourire, et appelle un calembour facile : J’en montre quelques unes et j’en planque quelques autres…

Planquer est un effet un verbe argotique français sont l’une des significations est cacher. Et comme beaucoup de mots d’argot, il tire son origine de l’argot des malfaiteurs qui ont toujours quelque chose à cacher à l’autorité, à la police, à la justice. On peut donc planquer un magot, un butin etc.
D’où vient le mot ? D’une altération de planter, qui nous fait remonter assez loin, puisque le mot se trouve déjà dans les écrits de François Villon. Le mot, au 15è siècle, s’applique essentiellement à des denrées précieuses ou prétendues telles : faux métal précieux (or) ou fausses pierres précieuse. Et les planquer, c’était les négocier en les faisant passer pour des vraies. Mais bientôt, le mot rend le sens qu’il gardera jusqu’à aujourd’hui : cacher des la marchandise volée.
Le verbe planquer s’utilise également beaucoup à la forme pronominale : se planquer. c’est à dire se cacher. Et là encore, c’est de l’autorité qu’on se cache, quand on est recherché notamment.

Pourtant ce genre d’argot passe facilement les frontières. De l’argot des voleurs, le mot est passé à celui des policiers, avec un sens particulier : se poster, sans se faire reconnaître comme étant de la police bien sûr, à un endroit d’où on surveille quelqu’un (ou quelques uns), des allées et venues suspectes, des rencontres, des échanges, des transactions. On peut ainsi être en planque devant une adresse précise, souvent d’ailleurs dissimulé dans un petit camion, d’où l’on garde le contact avec une base policière ferme. On dit alors qu’on est en planque, ou même qu’on planque en utilisant le verbe de façon absolue. L’inspecteur avait planqué trois jours durant devant chez Jojo.

Dernier sens du mot, qui échappe à l’argot des voleurs : Une planque est souvent une situation tranquille, où l’on échappe aux tracas professionnels. une sinécure. Un travail facile, où l’on a pas grand chose à faire. Et cet usage nous vient alors de l’armée. Une planque est une situation où l’on échappe soit aux dangers de la guerre, soit simplement aux corvées militaires. On parlait pendant le guerre de 14 des planquées de l’arrière.