DEREMBOURSEMENT

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

Déremboursement… un drôle de mot qu’on lit en ce moment dans la presse, à propos du déremboursement de certains médicaments. Ne nous affolons pas trop vite : on ne demandera pas à ceux qui ont déjà été remboursés pour l’achat de médicaments de rendre l’argent. Mais simplement ce mot barbare indique que certains médicaments, dont l’achat sur prescription médicale est remboursé par la sécurité sociale, en France, ne seront plus remboursés. En tout cas plus remboursés de la même façon. Il s’agit en particulier de six cent seize produits dont le taux de remboursement devrait passer de 65% à 35%.

On voit bien que le préfixe dé- correspond ici au passage d’un statut à un autre, et plutôt au retour à une étape antérieure, ou à une régression : on revient en arrière. Ce préfixe a souvent cette signification : on défait une chose faite ; on est par exemple déchaussé, décoiffé, déshabillé, défroqué… Ah, on voit bien pour ce dernier mot qu’un sens figuré vient s’accrocher au sens propre… Se défroquer, ce n’est pas simplement enlever son froc, c’est pour un homme d’église abandonner ses vœux et son habit ecclésiastique.

Souvent les mots sont un peu péjoratifs : déclasser, dégrader, démarquer… On peut aussi démettre quelqu’un de ses fonctions, ou dessaisir un juge d’une affaire.
Mais il arrive fréquemment que le sens figuré voisine avec le sens propre. Si détricoter par exemple ne se comprend qu’au sens littéral – défaire, maille après maille le tricot qui a été fabriqué, découdre est plus compliqué. On peut certes découdre un bouton. Mais l’expression figée « en découdre » veut dire qu’on aspire à se battre, à s’affronter violemment avec son adversaire. Quant à déchaîner, c’est un mot qui peut se comprendre au pied de la lettre : ôter sa chaîne, mais qui est beaucoup plus utilisé au sens figuré : donner libre cours, déclencher un phénomène violent : on déchaîne les passions, l’admiration , la colère…