LAÏQUE

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

Laïque est un mot très souvent entendu en ce moment, d’autant que commence demain un colloque sur cette question. Mais quel est ce mot. Un nom ou un adjectif. En tant que nom, il est plutôt rare, et s’écrit laïc. Il désigne quelqu’un qui n’est pas un homme d’église. En tant qu’adjectif, le mot s’applique plus généralement à une chose, à une institution, et surtout à l’Ecole. Et une école laïque s’oppose à une école religieuse, dite parfois confessionnelle.

L’adjectif est donc indissociable de l’histoire de l’Ecole française, en particulier des lois de Jules Ferry, qui à la fin du 19è siècle, instituait l’école publique, gratuite, laïque et obligatoire. Et le succès de cette politique fut assuré grâce à ceux qu’on appelait les hussards noirs de la République, c’est à dire les instituteurs. On les comparait donc à des soldats d’élite, mais travaillant dans la discrétion et la modestie, sous leur blouse noire traditionnelle. Le mot semble être spécifiquement français : des histoires différentes ont bien du mal à intégrer ce concept, et c’est donc un terme particulièrement difficile à traduire.

Laïque vient de laïcus, mot latin qui signifie illettré, commun, et parfois civil, en opposition aux militaires.

Il n’est pas exactement synonyme de profane, qui s’oppose à sacré, et s’emploie dans des contextes différents. On parle par exemple de musique profane, en opposition à la musique sacrée ; on distingue les cantates profanes de Bach, de ses cantates sacrées.
Si nous revenons à laïque, on trouve quelques dérivés du mot : la laïcité, caractère de ce qui est laïque, on défend la laïcité de l’Ecole publique. Alors que l’adjectif laïcard a toujours été franchement péjoratif, dans la bouche, ou sous la plume de ceux qui s’opposent à cette Ecole laïque.