PROBLEME

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

Le bac n’est jamais une mince affaire, et certains candidats de cette année en série scientifique le savent bien. Le problème posé en mathématique était semble-t-il trop difficile, trop particulier, par rapport au niveau moyen des élèves. Donc l’autorité du Ministère va-t-elle être obligée de faire surnoter ces épreuves pour retrouver la proportion de bacheliers escomptée, pour que des élèves moyens aient une chance d’avoir une note moyenne ? C’est un problème ! C’est donc un problème que ce problème. On voit que ce mot a plusieurs utilisations et plusieurs références possibles.

Probléma est d’abord un mot grec qui signifie étymologiquement ce qu’on a devant soi (mot à mot ce qui est jeté (ballein) devant (pro). On comprend naturellement comment le mot en vient à désigner un obstacle, ce qu’il faut surmonter, contourner, « boire » (« Michelin boit l’obstacle », annonçait une publicité pour ces pneumatiques il y a un bon siècle).

Le mot, en latin (problema), qu’il soit classique ou intellectuel du moyen âge et même de la langue classique appartient d’abord au vocabulaire intellectuel. Philosophique ou théologique. Et le mot renvoie à une question dont on cherche la ou les solution(s). L’homme est-il prédestiné ? Les animaux sont-ils des machines ? Quelle est l’accélération d’un corps qui tombe dans l’air ? Dans le vide ? Les questions que se posent les humains donc, du moins certains d’entre eux et à une certaine époque.

Avec l’école républicaine se répand le sens scolaire : question intentionnellement élaborée, qu’un professeur pose à un élève. Et pas seulement question, mais enchevêtrement de questions qui se suivent plus ou moins logiquement. Le problème devient donc l’exercice noble des mathématiques ou de la physique : pierre d’achoppement des disciplines scientifiques les plus courantes. Un problème a alors un énoncé, qui en donne les données, et les accroche en général à une situation concrète, envisageable, parfois même quotidienne (problèmes de robinets, de trains qui se croisent…). Et même dans le cas sui nous occupe, on retrouve cette fiction scientifico-poétique : soit N, le nombre de bactéries introduites dans un milieu de culture… Ce problème a pour objet l’étude des deux modèles d’évolution de cette population de bactéries.

Mais le problème a su également sortir de l’école : Et le souci se mêle au problème : il s’agit donc d’une question dont on ne connaît pas la réponse, ce qui inquiète. Il s’agit d’une situation qu’il faut régler, et non seulement d’un exercice théorique. Situation qui peut aller de la plus grave (le problème de la pollution industrielle) au plus bénin (T’as un problème ? T’as une carie ?)