INTERMITTENT

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

On parle en ce moment des intermittents du spectacle, dans la mesure où leur statut est sur le point d’être modifié, notamment du point de vue du système d’indemnités de chômage qui leur était réservé.

Qu’appelle-t-on les intermittents du spectacle ? Des gens qui travaillent dans le monde du spectacle, et dont les conditions de travail, et dont les périodes de travail, par définition, ne sont pas régulières. Si on est opérateur, monteur de cinéma, éclairagiste, comédien metteur en scène, on ne travaille pas pour le même patron, onze mois sur douze, avec des congés payés clairement prévus. On travaille quand il y a du travail. On peut faire un film, rester trois mois sans travailler, enchaîner trois spectacles, avoir une période désespérément creuse. C’est une contrainte, c’est même l’un des dangers, l’un des risques du métier. Et lorsqu’on a du travail, on en a parfois beaucoup à la fois : on travaille de nuit, on travaille le dimanche. Les journées sont parfois très longues. L’indemnisation était (est encore…)organisée en fonction de ces contraintes.

Mais revenons à ce mot d’intermittents. Il signifie bien « qui travaille en intermittence, c’est à dire de façon discontinue. Le mot vient du latin. Inter signifie bien sûr « entre ». Et mittere, dont le sens central est « envoyer » (c’est de là que vient émissaire et mission) a voulu dire au départ laisser aller, laisser partir. Le mot porte donc bien cette idée d’alternance.

Des intermittents, il n’y en a pas que dans le monde du spectacle. On a ce qu’on a souvent appeler des travailleurs saisonnier. Pour les travaux agricoles par exemple ; Vendanges, moissons, cueillette et le mot saisonnier renvoie d’autant plus à une activité en rapport avec la nature. Mais on peut penser aussi au monde du tourisme, à l’hôtellerie et la restauration, ou aux divers Salons.. Il y a donc chaque année, en fonction des secteurs, un certain nombre de « coups de chauffe » qui nécessitent une embauche prévisible, mais temporaire.

Le mot intermittence n’as pourtant un seul sens réservé au vocabulaire de l’emploi. On a parlé de fontaine intermittente pour un jet d’eau qui apparaît à intervalles. On notera qu’on ne parle pas de courant intermittent, mais alternatif en opposition au courant continu. Intermittence s’est beaucoup employé en médecine, pour qualifier par exemple une fièvre qui se déclenche plus ou moins régulièrement (fièvre quarte… ou même paludisme…).

Et bien sûr les intermittences du cœur, les oscillations du sentiment amoureux sont célèbres dans l’œuvre de Marcel Proust.