MADONNA
Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio
C’est aujourd’hui que Madonna publie le premier de ses contes pour enfants, « Les roses anglaises ». L’occasion pour nous de revenir sur ce pseudo, charmant et provocant que s’est donné la belle et provocante chanteuse américaine.Madonna est un mot d’origine italienne, contraction de deux mots (ma donna) qui signifient ma Dame. Donna est un radical présent dans bien des langues latines. Il vient de dominus, domina au féminin, mots latins qui signifient seigneur et maîtresse. On les retrouve dans les appellations nobles espagnoles (Don Quichotte, Dona Anna, etc.).
Mais, ce radical Don se trouve aussi beaucoup dans la langues française médiévale ou Don est un terme de respect qui s’applique aux saints de l’Eglise. Ainsi, Donrémy, le célèbre village natal de Jeanne d’Arc, est l’équivalent de Saint Rémy. Dampvalley est l’équivalent de Saint-Valère, etc.
Quant à Madonna, c’est en italien, l’un des noms qui désignent la Vierge Marie, terme de respect qui exprime bien que la mère du Christ est la Dame, par excellent… ce qu’on retrouve en français où on la nomme couramment Notre-Dame.
Et en français, on a francisé le terme italien de Madonna, pour en faire Madone. Le mot renvoie essentiellement à une idée de bonté ineffable, et de douceur : on parle couramment d’un sourire de madone.
Le terme s’est peu à peu spécialisé dans le vocabulaire de la peinture. Et ce mot de madone, plus qu’une femme désigne presque toujours une mère : la Madone, c’est quasiment toujours une vierge à l’enfant, qui exprime un bonheur, mais un bonheur grave qui, à la fois, admire son enfant, le tient dans ses bras, et le présente au monde… Mais, le mot est parfois aussi utilisé pour une mère éplorée devant son enfant mort : cette mater dolorosa, c’est la Madone des douleurs.
C’est pourquoi je parlais du pseudonyme un peu provocant de la chanteuse Madonna, dont la beauté est plus épanouie.
Mais, c’est justement l’un des destins courants des mots de « se retourner » en leur contraire. Une Madone de carrefour, comme une Vénus de carrefour, est une femme qui, comme on dit en ce moment dans les textes législatifs, se livre à du racolage passif (voire actif), et la Madone des Sleepings est le titre d’un roman vaguement scandaleux que fit paraître Maurice Dekobra, dans les années 20, et qui mettait en scène une aventurière sulfureuse qui promenait sa beauté derrière un fume-cigarette dans des trains de luxe propices aux brèves rencontres et aux fantasmes rêveurs.