PANNE

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

Une panne a plongé, dans la nuit, toute une partie de la botte italienne pendant quelques heures…. Une panne d’électricité. Une panne de courant. C’est-à-dire ? Un manque d’électricité, une coupure d’électricité, dus à un dysfonctionnement. Quelque chose ne marchait plus, un processus ne se faisait plus. Un câble rompu, un générateur hors service… et c’est la panne !

L’étymologie du mot est incroyablement éloignée de ce sens très commun. Puisque le mot vient de la même origine que penne, qu’empennage : le mot latin pinna, qui signifie plume.

La panne, en ancien français, a donc signifié la plume, et même le duvet si doux dont on fait certains vêtements ou dont on fourre édredons, oreillers, etc. Mais le mot s’est employé dans bien d’autres domaines, souvent par analogie de forme : la panne d’un marteau était le petit côté du marteau. Et la panne d’une voile alors ? C’est la plus longue pièce d’une vergue –structure qui maintient la voile horizontalement– qui va en s’amincissant… comme une plume. Donc mettre en panne, être en panne, c’était orienter cette panne de telle façon que la voile ne prenne plus le vent, et que le bateau s’immobilise. Et l’expression « être en panne » est donc passé dans le langage courant avec le sens d’être en attente, ne pas pouvoir agir, être immobilisé.

Depuis la fin du XIXème siècle, la tournure s’est surtout répandue à propos de machines dont le mécanisme se grippe, et de moteur qui subissent une avarie. Et c’est surtout avec la voiture que l’expression a pris cette extension. Et l’extension a été telle qu’on a utilisé le mot pour désigner n’importe quel inconvénient.

Notamment le manque d’essence : quand on a brûlé tout ce que contenait le réservoir, que le véhicule s’arrête, faute de carburant, on dit donc qu’on est en panne d’essence. Etonnant glissement de sens. Car aucune avarie n’est à déplorer ! Et c’est ainsi que la panne a fini par désigner ce manque qui se traduit par un arrêt regrettable : panne d’idée, panne d’inspiration, panne d’énergie, jusqu’à la panne sexuelle qui guette les plus ardents des Dom Juan.