AERIEN

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

Air France et KLM fusionneront-ils ? L’OPE (offre publique d’échange) réussira-t-elle ? En tout cas, la compagnie KLM a cette particularité d’avoir un nom qui échappe à la règle la plus commune des compagnies aériennes : on ne trouve pas le mot « air » dans son nom ! Ce qui est l’ordinaire : Air France, Air Inter, Air Afrique… les compagnies existantes ou ayant existé présentent le plus souvent cet élément : l’air, associé au pays où elles sont basées. Surtout quand il s’agit de compagnies nationales. D’ailleurs, c’est bien simple, dès qu’un nouvel Etat apparaît, on voit que l’un de ses premiers gestes est souvent une compagnie aérienne. Pour asseoir son nom, son orgueil, ses communications et sa visibilité. Air France, Royal Air Maroc, Swissair, etc. L’anglais étant la langue la plus courante dans le monde des liaisons aériennes, on trouve la même chose en anglais : Airways ou Airlines… ou en espagnol, Aerolineas… ou en russe même, Aeroflot…

Ce qui nous rappelle que l’air, ce gaz qu’on respire pour vivre, est en même temps synonyme de ce qui est au-dessus de nous. Et le français l’atteste bien avec l’expression « en l’air », c’est-à-dire, qui ne repose pas sur terre. Ça paraît si évident qu’on ne l’interroge même plus. Et pourtant, rien n’est spécialement logique là-dedans. Mais, le mot « air » s’est très vite dégagé de son seul sens chimique. Et, en ce sens, il a pris assez vite la marque du pluriel : « dans les airs ».

Ce qui est « aérien » a donc un rapport avec l’air, mais plus encore avec l’idée du vol. Donc que les appareils s’élèvent parce qu’ils sont plus légers que l’air (donc pour des raisons physiques) ou bien qu’ils soient plus lourds que l’air (parce qu’ils ont une propulsion mécanique), c’est par rapport à cet air que tout se joue. Ce qu’on retrouve dans le nom d’un certain nombre d’inventions : « aérostat » (1783), ou même « aéronaute », mot qu’on trouve dès 1794. Quant à l’« aéronautique », qui désigne aujourd’hui l’art et l’industrie qui s’emploient à construire des engins volants, elle apparaît en 1784 également. On aura ensuite « aéronef », puis « aéroplane », éclipsé par « avion ». Mais le préfixe « aéro » reste très vivant avec « aérodrome », « aéroport », « aéronaval », et au-delà, « aérospatial »…