REVEILLON
Par: Yvan Amar et Anne-Cécile Bras
On est dans la période des réveillons, entre les deux réveillons. Car ce quon appelle aujourdhui réveillon désigne presque exclusivement les soirées du 24 décembre et du 31 décembre : réveillon de Noël et du nouvel an.Et dailleurs, les habitudes changent : quand on ne précise pas, de nos jours, le réveillon est automatiquement associé à la nuit qui fait passer dune année dans lautre, du 31 décembre au premier janvier : « Que faites-vous pour le Réveillon ? » Alors que pour Noël, on aura tendance à préciser : soir de Noël, nuit de Noël, voire veillée de Noël, qui bien sûr est de la même origine que réveillon. Et pourtant, ce nest quau début du XXème siècle que le mot sest appliqué au nouvel an. Avant, il était réservé à Noël. Et encore auparavant, il désignait simplement un repas tardif, associé à une idée de fête. Et le verbe réveillonner signifie évidemment passer cette nuit à samuser, à festoyer. Lidée de réveil, comprise dans réveillon active le mot, dans la mesure où la fête se poursuit jusquau matin. Ce nest pas tellement quon se réveille, mais cest quon ne sendort pas, quon reste éveillé jusquau lendemain.
Quant aux établissements qui proposent ces divertissements, ils affichent parfois des réjouissances un peu convenues et énigmatiques : champagne et cotillons va pour Champagne : aucune explication ne simpose. Mais cotillon ? Le mot, qui dérive lointainement de cotte, désigne dabord une jupe, ou plutôt une manière de jupon dans un habillement plutôt populaire. Mais surtout le mot est passé dans le vocabulaire de la grivoiserie : un coureur de cotillon était un coureur de jupon. Mais, cotillonner a également signifié danser le cotillon, danse joyeuse et collective, farandole que les filles dansent, la jupe relevée. On a, à la fois, lidée de la joie de la fête («on se lâche»), et dune certaine liberté prise avec la décence ordinaire. Et les cotillons daujourdhui sont donc des jeux et des farandoles qui suivent les repas bien arrosés de la Saint-Sylvestre.