RECENSEMENT

Par: Yvan Amar et Anne-Cécile Bras

C’est aujourd’hui que commence, en France, une nouvelle opération de recensement. C’est-à-dire qu’on va se compter, ou plus exactement que des équipes mandatées par le gouvernement vont déterminer de la façon la plus exacte possible combien de personnes vivent sur le sol français. Mais est-ce tout ? Est-ce que recenser c’est uniquement compter ?

Un peu d’histoire. Remontons au verbe latin censere, qui signifie « évaluer la fortune de quelqu’un ». Le mot est à l’origine de plusieurs termes français, dont le nom cens et l’adjectif censitaire. Ces mots ne sont plus guère utilisés aujourd’hui. Ils n’ont plus cours dans l’état moderne, et ont donc un usage historique, mais on peut quand même rappeler que le suffrage censitaire était une organisation du droit de vote réservée à ceux qui témoignaient d’une certaine fortune, qui avaient suffisamment de revenus ou payaient suffisamment d’impôts. Les plus pauvres étaient donc radicalement exclus de la vie politique.

Mais censere est également à l’origine des mots recenser et recensement. Recenser a une histoire assez sinueuse, puisque le mot a signifié penser, raconter, conter. Et Rey appelle la « solidarité des notions »… Toujours est-il qu’on en arrive à cette idée de compte, et de compte d’état : on compte, on recense… les jeunes gens susceptibles d’être appelés sous les drapeaux, le matériel de guerre… puis les habitants.

Mais recenser, c’est non seulement compter, mais aussi identifier, connaître et classer. Et le recensement va non seulement compter les habitants, mais les distinguer, par sexe, par âge, par statut social (marié, célibataire, veuf…), par mode d’habitation (appartement ou maison, ville ou village, seul ou en famille).

Le recensement est donc un aspect de la démographie, l’étude des populations, de leur organisation et de leur évolution.