X
Par: Yvan Amar et Anne-Cécile Bras
« Un musée aux rayons X ». Voici le titre d’une exposition qui se déroule actuellement à la Cité de la Musique, consacrée à l’utilisation de ces fameux rayons dans les pratiques de restauration des instruments anciens. Les rayons X ont, en effet, un assez faible pouvoir de pénétration dans les solides : ils traversent les uns, sont arrêtés par les autres. Et l’examen de leur course permet donc d’analyser les milieux qu’ils traversent, et de délimiter ceux qui les arrêtent.Oui, mais pourquoi X ? Parce que, découverts en 1904, ces rayons ont laissé longtemps baba les physiciens qui en reconnaissaient l’existence et les vertus sans trop arriver à en cerner l’identité. Rayons X, rayons inconnus, semblaient-ils dire.
Et tel est bien le sens fréquent de cette lettre.
Pourquoi ? Difficile à dire. Les savants, vraisemblablement dans la première moitié du XVIIème siècle prennent, par convention, cette lettre comme symbole de l’inconnue. X devient donc un signe algébrique majeur, et désigne le terme de tout problème mathématique : ce qu’il faut trouver, ce qu’il faut identifier, à quoi x est égal. A tel point que x en devient même le symbole de toute l’activité mathématique : les x, c’est les maths ; il est doué pour les x = il est bon en maths. Et, par plaisanterie estudiantine, la lettre, se majusculant, devient le sobriquet qui désigne la plus prestigieuse des écoles scientifiques en France : Polytechnique. Et depuis, dans un jargon chic, c’est un X signifie : il a fait Polytechnique (symétrique d’énarque…)
Maintenant, ce symbole est entré dans le langage courant avec le simple sens d’inconnu : X est le nom qu’on donne à un anonyme. (Dans cet usage, on est toujours en majuscule).
Parfois, conformément à la pratique mathématique, X représente un inconnu qu’on recherche : plainte contre X, Monsieur X, l’ennemi public numéro 1, ou celui qu’il faut découvrir pour gagner tel jeu-concours.
Parfois, X représente quelqu’un qu’on ne connaît pas, mais qu’on ne cherche pas spécialement à connaître. C’est plus ou moins l’équivalent de tel ou tel : Il est toujours en train de raconter sa vie à X ou à Y (Y est très souvent associé comme deuxième terme, comme il l’est d’ailleurs en maths : c’est la deuxième inconnue).
Parfois X est utilisé pour désigner un anonymat volontaire : accouchement sous X.
Quant aux films classés X, les films pornographiques, on les appelle comme ça depuis 1975, et ce X renverrait, paraît-il, au signe d’une croix qui biffe, raye, refuse. (Mais refuse quoi ? une diffusion sans restriction peut-être.)