RUSSE
Par: Yvan Amar et Anne-Cécile Bras
Les élections en Russie font beaucoup parler de ce pays. Son importance et son ancienneté l’ont fortement ancré dans notre imaginaire et même dans notre langue. Voyons un peu comment.Le mot est vieux mais d’origine mystérieuse. Remontons au IXème siècle. Des marchands et des guerriers scandinaves se hasardent de plus en plus à l’est de la mer Baltique. Et il semble qu’ils aient appelé leurs expéditions d’un nom dérivé de la racine rödh, qui signifie ramer, naviguer en ancien norrois. Et dans les plus anciennes attestations des textes écrits dans l’ancienne langue russe, le mot Rus désigne les princes scandinaves, puis les habitants de toute la région de Kiev et de Novgorod, des slaves sous domination scandinave. Ensuite, le mot s’est étendu…
Et en français, on peut d’abord remarquer que, contrairement à ces habitudes très mauvaises mais très fréquentes pour des désignations des peuples étrangers, le mot n’est pas péjoratif : ni trop de mépris, ni trop de moquerie : les Russes ont bonne presse. Et les expressions où l’on trouve le mot russe sont très diverses.
Elles font souvent référence à des pratiques culturelles, réelles ou supposées. Boire à la russe, c’est boire, d’un coup (cul sec) un petit verre d’alcool (de vodka ?), puis jeter avec une insouciance bruyante son verre par dessus son épaule. Rite sacrificiel qui demande un peu d’espace, un sol en dur (pour que le verre se casse : les tapis ne s’y prêtent pas).
Autre pratique : s’embrasser à la russe, c’est-à-dire sur la bouche. Baiser de paix, mais pas baiser amoureux ni érotique : baiser cordial et viril échangé entre deux hommes, souvent moustachus, à l’haleine chargée de vodka et de bons sentiments.
Les poupées russes font référence à l’artisanat traditionnel… Il s’agit de ces multiples poupées semblables, mais de volumes différents, conçues comme des boîtes qui s’ouvrent à la taille, et s’emboîtent les unes dans les autres. La comparaison s’emploie à propos d’un système d’enchâssement.
Bien plus étonnant : les montagnes russes. Cette attraction foraine est ancienne : elle a connu un grand succès, à Paris, en 1818 : un chariot suit un parcours sur des rails qui montent et descendent violemment. Hauts le cœur et émotions assurées. Mais pourquoi montagnes russes, alors que la Russie est connue essentiellement pour sa steppe platissime ? Mystère, exotisme et boule de gomme !
Roulette russe pour finir, jeu mortel et d’une glauque excitation. On en connaît tous le principe : faire tourner le barillet d’un revolver, chargé d’une seule balle, stopper le barillet au hasard, appuyer l’arme contre sa tempe, presser la détente… Une chance sur six de mourir… De quoi faire des paris hasardeux…