SANCTION
Par: Yvan Amar et Anne-Cécile Bras
Vote sanction ! C’est ce qu’on a beaucoup entendu après les résultats du premier tour des élections régionales. Mais, de toute façon, c’est une expression qui fait partie du vocabulaire électoral, et qu’on a souvent entendue auparavant. Le sens est clair : on veut dire par là qu’une partie significative des électeurs utilise ces élections pour manifester son mécontentement à l’égard du gouvernement.L’élection, a priori, n’est pas faite pour ça : on élit, en ce moment, des Conseils généraux ; on n’est pas censé donner son avis sur l’action gouvernementale. Et pourtant, c’est à cette occasion que se manifeste un revirement d’opinion, par rapport à l’élection précédente. Pourquoi employer ce mot ? C’est un emploi au vocabulaire militaire ou scolaire… sauf qu’il est inversé : d’ordinaire, c’est l’autorité qui sanctionne. Et là, c’est l’autorité qui est sanctionnée. Mais le mot n’est pas employé à tort et à travers : tout s’est fait à travers un processus absolument légal.
Mais, de façon générale, on appelle "sanction" la mesure qui est prise pour punir une faute, une atteinte à un règlement. Ceci dans le cadre d’une hiérarchie. Un militaire peut être sanctionné s’il n’a pas sa tenue réglementaire pour la revue du Colonel ; un élève, s’il a séché un cours ; un fonctionnaire, s’il a manqué à son droit de réserve.
Le mot vient lointainement du langage religieux : il est de la famille de sanctus, donc de saint, de sanctifié. Et le mot désigne, au départ, la règle, la sacro-sainte règle, avant de désigner le blâme qui frappe celui qui y a failli.
Aujourd’hui, le mot est comme on l’a vu souvent employé dans des registres bien différents : politique, mais souvent économique, ou même militaire. On parle des sanctions prises par un pays contre un autre, lorsqu’on n’achète plus chez lui par exemple, quand on boycotte ses produits, qu’on met en place une politique douanière inamicale. Dans ces échanges, qu’on nomme parfois la réponse du berger à la bergère (si tu me fais ça… je te fais ça !), on parle aussi de mesures de rétorsion. Et c’est plus ou moins un synonyme de représailles. A cette différence près que le mot "représailles" a, le plus souvent, un sens bien plus violent : les représailles peuvent se traduire par une expédition punitive, des exécutions d’otages, une invasion, une guerre… c’est du sérieux !