ENTENTE CORDIALE
Par: Yvan Amar et Anne-Cécile Bras
L’Entente cordiale, officiellement, date du 8 février 1904. 100 ans, ça se fête ! Mais, de quoi s’agit-il ? D’une manière de traité d’amitié franco-anglaise, dont les artisans principaux étaient le Ministre des Affaires étrangères français, Paul Delcassé, l’ambassadeur Paul Cambon, et le roi Edouard VII. Le lien Paris-Londres est renforcé, et les deux nations décident de se répartir harmonieusement leurs prétentions coloniales : la France ne lorgne pas sur l’Egypte ; l’Angleterre ne lorgne pas sur le Maroc. On peut noter au passage que les populations concernées ont peu droit au chapitre… mais le colonialisme, c’est le colonialisme ! Et on est en 1904. L’accord est d’autant plus remarquable que peu de temps auparavant (1898) l’affaire de Fachoda, au Soudan, a bien failli faire éclater une guerre franco-anglaise. Donc, on crie Vive l’Entente cordiale. Mais, l’expression avait déjà été inventée soixante ans auparavant, par Guizot. Mais, ça prend un peu de temps, forcément, de changer d’ennemi héréditaire… et l’Angleterre en tenait lieu depuis le Moyen-âge.Le mot « entente » ne pose pas de problèmes particuliers. Et l’on sait qu’en politique, il est souvent employé comme presque synonyme d’ « alliance ».
Mais, « cordial » alors ? L’adjectif vient de cœur, ou plus exactement de cordis .
Le sens premier est médical : relatif au cœur. Comme nom commun, il désigne un remontant… médicament, ou parfois une petite goutte d’alcool.
Comme adjectif, aujourd’hui, il évoque ce qui vient du cœur, exprime un sentiment chaleureux. Chaleureux, mais jamais amoureux, ni familial… Il sert, en fait, à exprimer des sentiments, là où il pourrait ne pas y en avoir, quand on a le choix entre méfiance, rejet, indifférence… et confiance, ouverture, hospitalité… cordialité en un mot… Mais, le mot est plutôt utilisé entre étrangers, pas tellement entre amis.
Et on l’emploie également dans des salutations codées, notamment dans les conventions épistolaires… Cordialement vôtre, Cordialement, Salutations cordiales… Moins guindé que « salutations distinguées », moins intime que « toute mon amitié » !