ESCALADE
Par: Yvan Amar et Anne-Cécile Bras
Les Américains ont-ils amorcé une politique descalade en Irak ? Le risque est là ; le mot sentend ; pour désigner une intensification de la présence militaire mais surtout des actions militaires. Et on peut noter que lutilisation du mot ne fait référence quà laccroissement de la présence et de la pression américaines. Pas du tout à lattitude des populations irakiennes.Le mot, traduit de laméricain escalation, a une histoire politique, et remonte à la guerre du Vietnam. Lengagement progressif et de plus en plus important des troupes américaines, notamment à partir de 1965, sexprimait par ce mot. Et il était employé tout autant par les partisans et par les adversaires de cette politique. Image dascension, très explicite : toujours plus, toujours plus haut, toujours plus fort puisque escalader veut dire grimper : une marche après lautre, un étage après lautre, limplication et linvestissement sélèvent. (Et cette image de lascension est souvent liée à celle de danger : quo non ascendam ? )
Notons au passage que la souplesse de la vie diplomatique a inventé le terme inverse, « désescalade », qui renvoie à lidée dun désengagement progressif, qui parcourt, à rebours, les mêmes étapes.
Les premiers emplois du mot en français, sils ont un sens très différent, font étrangement référence à la guerre, comme aujourdhui : on appelait « escalade » le fait de partir à lassaut des murailles dune place fortifiée, à laide déchelle.
Le mot est donc tactique avant davoir un sens qui le place dans le vocabulaire de lalpinisme : lescalade, cest aussi tout simplement, le fait de gravir un rocher, une paroi, en saidant des pieds, des mains, des accidents du terrain, en sarc-boutant, etc.
Quant à lorigine du mot, elle explique facilement tous ces sens : il est de la même racine que « échelle » et « escalier »