RESOLUTION

Par: Yvan Amar et Anne-Cécile Bras

Le Conseil de sécurité des Nations Unies va-t-il adopter telle ou telle « résolution » ? C’est le genre de phrase qu’on entend souvent sans qu’on se demande exactement, techniquement -pourrait-on dire- ce que c’est qu’une « résolution »… en fait, il s’agit simplement d’une décision officielle prise par les membres de cette assemblée. Et il fallait bien trouver un mot, pour ce qui n’est ni une loi, ni une ordonnance, ni un décret… Alors, va pour « résolution » ! Bien que les sens de ce mot soient multiples et parfois donnent naissance à des images presque inverses…

Au départ, le mot « résolution » est explicitement lié au verbe résoudre dont il dérive. Mais, « résoudre », en ancien français, a sensiblement le sens de dissoudre en français moderne.
La résolution, c’est donc d’abord la désagrégation, la décomposition… Le sens évolue en français classique : la résolution est le fait de passer d’un état à un autre, de changer de nature… Le mot acquiert une signification plus abstraite, et abandonne largement ses échos négatifs.
Et cette idée de transformation aboutit étonnamment à celle d’élucidation : le verbe résoudre et le substantif résolution s’appliquent alors à un problème, à une énigme dont on trouve finalement la clé. Résoudre, c’est donc passer de l’inconnu au connu : la résolution est donc l’aboutissement heureux d’un processus intellectuel.
On voit là que deux mots sont en concurrence, résolution (qui correspond à résoudre) et solution (qui ne correspond pas à soudre : le verbe, sans préfixe, n’existe pas !) Mais les deux noms n’ont pas le même sens : la solution est le résultat abstrait du problème. C’est ce qu’on encadre fièrement quand on l’a trouvé… CQFD. La résolution, c’est le processus qui amène à la découverte de cette solution. Le sens de ce dernier mot est donc bien plus dynamique.

Mais ce n’est pas tout : se résoudre (à la forme pronominale) veut dire se décider. Et d’ailleurs, le participe « résolu » signifie décidé fermement. Celui qui est résolu, c’est celui qu’on ne fait pas changer d’avis facilement, qui est tout à fait déterminé. Et les résolutions sont ainsi les décisions qu’on a prises. Notamment les bonnes résolutions qu’on prend le 1er janvier, ou le jour de son anniversaire : « cette année, je fais du sport tous les dimanches matin et j’apprends le catalan »… On comprend donc comment le mot a pu avoir le sens politique de décision officielle qu’il a eu en français depuis le XVIIIème siècle.