LIBERTE

Par: Yvan Amar et Anne-Cécile Bras

A Colmar, cette charmante petite ville d’Alsace, dans le cadre du Festival international qui anime la ville en ce moment, on fête Auguste Bartholdi, mort il y a tout juste cent ans, natif de la ville, et immortel créateur de la statue de la Liberté… dont la France fit don à l’Amérique.

La liberté a sa place parmi les valeurs fondamentales du monde moderne. Et même peut-être la première place. A tel point qu’on a l’impression qu’elle a toujours été là.

La liberté n’est pas une notion inventée depuis peu… mais pourtant, son culte, son importance sont relativement modernes… Des expressions comme liberté politique, liberté individuelle, liberté de penser, liberté de la presse sont toutes apparues au 18è siècle. En fait il semble que ce soit une des idées principales de ce qu’on a appelé le siècle des lumières, cette période qui a vu naître une philosophie politique, qui a mis sur pieds des systèmes politiques dont les hommes eux-mêmes étaient porteurs et responsables. La Liberté, qui s’écrit alors souvent avec une majuscule, devient une valeur prééminente, dans toute l’histoire et la pensée politique du 19è européen. On se souvint bien entendu de la devis de la République française : Liberté, Egalité Fraternité… On voit que la liberté intervient en premier.

Mais cette liberté un peu abstraite, même si une allégorie la représente souvent sous les traits d’une femme héroïque et légèrement dévêtue (cf. Delacroix), va se préciser à mesure qu’on la pratique. Le concept devient dynamique… C’est à la fois un but à viser, et une idée en marche, qui « guide le Peuple » (cf. toujours Delacroix). Et dans son sillage apparaissent quelques autres mots…

Liberticide, c’est à dire meurtrier de la liberté, formé sur le modèle de régicide… Mais cet adjectif, encore relativement rare, et qu’on trouve uniquement dans le vocabulaire politique, s’applique plus à des choses qu’à des hommes : lois liberticides… des lois qui tuent la liberté !

Libertaire, mot créé semble-t-il par Proudhon, théoricien de l’anarchie… Et le mot en effet s’applique surtout aux anarchistes, à ceux qui clament « ni Dieu, ni maître ! » et qui mettent la liberté au-dessus de tout, en accentuant notamment le fait que la liberté n’a pas de degré, : elle est ou elle n’est pas. Et les libertaires sont souvent ceux qui sont particulièrement rétif à toute autorité.

Si le dix-neuvième siècle a pris la liberté comme étendard, le discours politique de la deuxième moitié du vingtième a plus accentué le mot Libération. Plutôt que le but (même grand et prestigieux…) on s’intéresse au processus, à la démarche qui fait passer d’un état de dépendance, d’asservissement à un état où l’on prend en mains son destin.

Quant à la fin du vingtième, elle a mis au premier rang non pas La Liberté, mais les libertés… multiples, concrètes, elles recouvrent la liberté de pensée, de culte, de déplacement etc… Et il s’agit toujours de libertés individuelles, revendiquées et plus ou moins garanties dans les pays démocratiques, suspectes, surveillées, voire suspendues par les dictatures quelles qu’elles soient.