HIPPO-

Par: Yvan Amar et Anne-Cécile Bras

« L’incroyable pari ». C’est comme ça qu’a été baptisée la soirée du samedi 18 septembre au Stade de France qui va être transformé en hippodrome pour l’occasion. Une soirée en l’honneur du cheval donc : quatre courses qui alterneront avec des spectacles équestres… Evénement équestre ou événement hippique ? Les chevaux eux-mêmes s’en battent les flancs, mais le linguiste se pourlèche devant la richesse et la rivalité de ces deux familles de mots. Equus, c’est le cheval en latin, qui donne en français quelques rejetons… Equidé est savant et désigne une famille de quadrupèdes ongulés dont le plus noble représentant est le cheval Quant aux autres mots de cette tribu, ils ne sont pas seulement relatifs au cheval, mais plus précisément au fait de monter à cheval. On parle, en effet, des sports équestres, de l’art équestre. On pointe plutôt du doigt le cavalier que sa monture… ce qui se retrouve évidemment dans la statue équestre… Et tout ça nous amène à l’équitation, qui ne vient pas du mot équilibre, mais dérive du verbe latin equitare, savoir monter à cheval…

Après tout cela, que reste-t-il à notre bonne vieille racine grecque hippos ? Mon Dieu… tout le reste.
Avec, d’abord, l’adjectif « hippique » qui signifie davantage relatif aux courses de chevaux qu’aux chevaux eux-mêmes. L’adjectif est un peu savant, mais on parle de clubs, de courses, de rencontres hippiques…
A part ça, l’élément hippo- est très productif pour construire des mots composés… Avec quelques archaïsmes de bon ton : « hippomobile », qui s’oppose à « automobile », pour désigner une voiture tractée par un cheval (mais le mot n’a jamais été qu’administratif : on ne parle de véhicules « hippomobiles » que dans les arrêtés municipaux, ou dans les premières éditions du Code de la route). « Hippophagique », pour les boucheries qui trouvaient trop peuple de s’appeler boucheries chevalines…

Quelques autres qui ne sont plus que d’aimables curiosités, mais qu’il est si agréable de prononcer… « l’hippiatre » est le médecin des chevaux, et « l’hipparque », le commandant de cavalerie dans l’armée grecque.

Et puis surtout, des animaux qu’on dénomme par rapport à leur ressemblance réelle ou supposée avec le cheval : « l’hippopotame », cheval du fleuve… « l’hippocampe », mot à mot cheval-poisson. Et « l’hippogriffe », bête mythologique, imaginaire et belle, coursier à tête d’oiseau, né d’une jument et d’un griffon.