ARMISTICE
Par: Yvan Amar
Le 11 novembre est un jour férié en France, on le sait. Pourquoi ? Parce qu’il commémore l’armistice qui mit fin aux hostilités de la guerre de 14-18. Mais souvent, on a tendance à confondre les sens précis des mots « armistice », « cessez-le-feu » et « capitulation ».« Armistice »... le mot n’est pas si facile à prononcer. Construit sur le modèle de solstice, son étymologie est un peu étrange : il est formé à partir de deux racines latines, arma, les armes, et stare qui signifie, entre autres choses : se tenir, se tenir debout, et qu’il faut comprendre ici plutôt dans le sens se tenir immobile, être à l’arrêt… C’est donc l’arrêt des armes. Est-ce la paix ? Presque… pas encore. Cela veut dire qu’on ne se tue plus, ce qui est déjà beaucoup, que l’on arrête les hostilités, et qu’on va ensuite négocier la paix, signer les traités, etc. Est-ce un synonyme de trêve ? Non, car la trêve est souvent comprise comme un moment sans guerre… au milieu d’une guerre. La trêve est provisoire ; l’armistice est définitif.
Et le « cessez-le-feu » alors ? Le sens est proche ; mais les emplois sont différents : armistice s’emploie essentiellement pour celui du 11 novembre. Cessez-le-feu est bien plus fréquent dans le vocabulaire journalistique et militaire d’aujourd’hui. Mais, il a un côté moins solennel, moins officiel aussi qu’armistice. Le mot est aussi très récent : il n’apparaît pas avant 1945, et c’est la traduction littérale d’une expression anglaise : cease fire. Au départ, il ne désigne pas un accord entre deux parties, mais un ordre donné par un commandant à ses hommes. Donc une décision unilatérale… Sait-on jamais si la réciproque va se déclencher, et au même moment, et en face… ? Mais de nos jours, l’expression renvoie quand même à l’idée d’un accord…
Quant à « capitulation », il indique une relation encore différente entre les deux parties… L’une reconnaît explicitement qu’elle a perdu la partie… Ça n’a d’ailleurs absolument pas été toujours le cas. Au Moyen-âge, le mot capitulation était synonyme de convention, pacte. Puis, il a signifié « convention qui règle les conventions auxquelles se rend une place » On a encore l’idée d’une négociation, d’une reconnaissance de la défaite à certaines conditions.
D’autre part, cette capitulation ne symbolise pas la fin d’une guerre, mais plutôt la fin d’une étape dans la guerre… c’est une bataille perdue, l’organisation de ce qu’on appellerait aujourd’hui une reddition… Alors que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le mot capitulation est presque toujours assimilé à l’idée de capitulation sans condition… sens qu’on donne à celle du 8 mai 1945, lorsque les Nazis ont reconnu la victoire totale des alliés.