SOMMET

Par: Yvan Amar

Sommet ! c’est l’un des mots qu’on risque d’entendre le plus à l’antenne, dans les jours qui viennent, tant il fait couler d’encre celui qui se tient en ce moment, Burkina Faso. De quoi s’agit-il en l’occurrence ? D’un Sommet de la Francophonie, sommet des états francophones… et des chefs d’Etat qui se déplacent, et par conséquent, peuvent échanger, se rencontrer, souhaiter, décider…

Pourquoi l’appeler « Sommet », cette rencontre ? Parce que c’est, entre autres choses, une rencontre de chefs d’Etat, c’est-à-dire de ceux qui sont à la tête de leur état : des présidents, des chefs de gouvernement. Au départ, on parlait de conférence au sommet, et l’expression est un calque de l’anglais summit conference. Quant à la rencontre au sommet, l’expression est devenue courante dans les années 60, utilisée souvent pour des rencontres de deux personnes. Les premiers sommets franco-allemands, les entretiens De Gaulle-Adenauer, qui témoignaient, quinze ans après la Seconde Guerre mondiale d’un tournant dans l’histoire de l’Europe et d’un vrai courage politique, sont restés célèbres.
Comme l’expression est devenue courante, on l’a abrégée en sommet… et il arrive d’ailleurs qu’on écrive le mot avec une majuscule…

Il est tout à fait logique que l’image du sommet fasse penser à un sens superlatif. C’est le sommet du ridicule… On atteint des sommets… et c’est parfois ironique…
Cette même image prend d’ailleurs parfois une autre forme : on dit « au plus haut point » (ce qui correspond à la même chose…) On dit, par exemple, il est au sommet de sa gloire, de sa puissance, de ses possibilités… et parfois lorsqu’on emploie cette formule, on sous-entend qu’après avoir atteint ce pic, cette apogée, la puissance, la gloire, l’intelligence… vont redescendre inexorablement… C’est l’image d’une courbe… qui monte, puis redescend…

Maintenant, et d’une façon plus statique, pour exprimer le pouvoir, on utilise souvent cette image du point situé tout en haut. Et l’image se comprend. Elle présuppose un genre de pyramide, qui se rétrécit au fur et à mesure qu’elle s’élève, comme si le nombre des décideurs se réduisait au fur et à mesure de l’ampleur de leur pouvoir. Et cette hiérarchie pyramidale, ce pouvoir centralisé évoque, bien sûr, la structure de l’armée : 10 000 hommes de troupe, mille caporaux, deux cents lieutenants, quarante capitaines, dix colonels, quatre généraux, un général en chef…, un seul, qui est au sommet…
De façon plus vague, on parle aussi souvent, au lieu de rencontre au sommet, de rencontre au plus haut niveau… Ça fait davantage bureaucratique, mais cette tournure est fréquente dans le monde de l’entreprise autant que dans celui de la politique.