POISON

Par: Yvan Amar

Le poison, l’arme des faibles dit-on… L’arme des traîtres… Facile à dire, mais quelle arme n’est pas celle des faibles, des traîtres… Enfin le poison, peut-être plus qu’une autre puisqu’on s’attaque à quelqu’un par la ruse, sans se montrer, en catimini… Et même si Viktor Louchtchenko s’en est sorti… même s’il n’a pas perdu la vie, on parle, presque avec certitude maintenant, de poison et d’empoisonnement.. Et là, on parle de poison, et d’empoisonnement, au sens propre, ou tout au moins au sens le plus courant… Revenons par exemple à la première définition du dictionnaire Robert : poison, substance capable de troubler gravement ou d’interrompre les fonctions vitales d’un organisme, utilisé pour donner la mort… Le poison est donc d’abord une arme… Une arme qui se boit, qu’on fait boire à son insu à celui qu’on veut empoisonner… En effet, poison est de la même famille que potion. Le poison est donc d’abord ce qui se boit, un breuvage… Et en ancien français, le mot n’a que ce sens là : poison = boisson… Et puis il bascule vers des sens très divers, et d’abord médicinaux… Le poison c’est un remède, et même un philtre d’amour. Mais bientôt, le sens du mot va se spécialiser car on va prendre l’habitude de le préciser d’un adjectif, poison douloureux, poison mortel. Et à partir de là, le mot sera lié aux idées de meurtre sournois, et lié aux mots empoisonneur/ empoisonneuse – le ou la meurtrière ; empoisonnement - le crime, le fait d’empoisonner, ou de l’être… Et on se souvient que ce mot est depuis longtemps lié à des affaires scandaleuses, des crimes célèbres : l’affaire des poisons, qui entre 1670 et 1680 mit la France en émoi, et compromit des gens dans les plus hautes sphères, la Comtesse de Grammont, deux nièces du Cardinal Mazarin, Racine lui-même…

Ce mot d’empoisonnement est encore employé dans le langage médical ; sans référence obligée à un crime : on parle d’empoisonnement du sang… Mais pour que chaque mot garde ses connotations propres, on préfère parler d’intoxication alimentaire, par exemple, que d’empoisonnement. Et quand le mot a été employé, par exemple pour requalifier les chefs d’accusation dans l’affaire du sang contaminé, c’était pour redramatiser l’affaire.

Cela dit, le mot poison a bien d’autres emplois aujourd’hui.. ainsi que ses dérivés…
Empoisonner est souvent employer pour signifier ennuyer… avec insistance, … entre agacer, et exaspérer… Et pourtant avec un petit côté, tolérant, voire affectueux. Même si le mot est utilisé parfois comme euphémisme d’un autre plus vulgaire.

Et, est-ce parce que les affaires criminelles célèbres ont souvent mis en cause des femmes, le mot , bien que masculin, est fréquemment utilisé pour désigner une femme… qu’un homme supporte mal… Encore une façon d’exprimer les rapports, le plus souvent inégaux, entre les sexes