VOEUX
Par: Yvan Amar
Nous y sommes... en plein dans la période des vœux… Vœux politiques et professionnels d’abord… Si le Président de la République présente ses vœux le premier, au plus près du moment où l’on bascule d’une année dans l’autre. Et ensuite, ce sont tous les responsables politiques qui sacrifient à ce rituel, les ministres… le Premier ministre qui l’a fait avant-hier…Mais, de façon plus générale et surtout plus privée, on est censé envoyer ses vœux pendant tout le cours du mois de janvier… Envoyer ses vœux c’est-à-dire… ? C’est-à-dire se souhaiter de bonnes choses… Bonne année, bonne santé, tout le meilleur, une bonne et heureuse… bien sûr, les mots sont un peu toujours les mêmes. Comme on est dans un rituel, on se trouve confronté à des phrases toutes faites… Mais, c’est bien le jeu du rituel… Ça ne veut pas dire qu’elles ont moins de sens… Alors, bien sûr, parfois, ça pousse au désir d’originalité, ou au calembour : bananier, pommes sautées…
Il n’empêche : il est bien difficile de définir un vœu… C’est un peu synonyme de souhait… C’est-à-dire qu’on est dans le domaine d’une pensée… mais d’une pensée précise, orientée dans le sens d’une espérance que quelque chose se réalise… Quelque chose comme une pensée condensée et dirigée… et qui, souvent, prend la forme d’une parole… Mais, une parole qu’on dit un peu comme si elle était magique… Car, pour un esprit purement rationnel, dire « tous mes vœux » n’a pas plus d’effet qu’un cautère sur une jambe de bois… Et pourtant… on peut toujours espérer que des vœux, très ardents et très sincères… auront quelque effet… Alors bien sûr, ces mêmes esprits rationnels vous répondront que c’est une façon polie, amicale, affectueuse, d’exprimer ses bons sentiments à autrui…
Mais il y a quand même autre chose dans le vœu…
Le mot, d’abord, nous vient d’un vocabulaire religieux : le votum latin est l’expression de la gratitude qu’on peut avoir pour un dieu : il a exaucé une demande… On lui promet quelque chose en échange… on lui rend la monnaie de sa pièce… ne serait-ce que par une inscription, un don dans une église… et là, nous voilà déjà dans la tradition chrétienne, et ce qu’on appelle un ex-voto, un objet pieux , déposé dans une église… qui témoigne de la prière de reconnaissance qu’on a pour la divinité… et lui promet une bonne action, une récompense, en échange de ce qui a été accordé… De là l’expression « faire le vœu… (de faire un pèlerinage, de donner aux pauvres, de gravir une montagne chaque année, de ne s’habiller qu’en bleu…) c’est-à-dire « faire la promesse… »
Mais, attention, si le français moderne n’a pratiquement retenu que des usages positifs pour le vœu, il n’en a pas toujours été ainsi. Au moyen âge, le mauvais vœu pouvait être souhait de malheur, l’objet votif (ce dernier adjectif est, bien sûr, de la même origine) était une représentation symbolique de la personne à qui on voulait du mal, et le verbe envoûter dérive tout naturellement de ces pratiques…