VENTE A LA DECOUPE

Par: Yvan Amar

« Rues à vendre », titrait hier le quotidien Libération. Et il s’en explique, comme nombre de médias, en expliquant que de grosses sociétés propriétaires d’immeubles de rapport à Paris, les vendent, en pièces détachées, appartement par appartement… Le sujet intéresse plus les Parisiens que les auditeurs d’une radio mondiale… mais l’expression « vente à la découpe » mérite quelques explications. Les appartements sont donc vendus pièce par pièce, d’abord à ceux qui les occupent, si jamais ils ont le désir et les moyens de les acheter, sans ça au premier acquéreur venu !

Mais, cette façon de qualifier un mode de vente rejoint d’assez nombreuses expressions.
Ne confondons pas « vente à la découpe », avec « vente à la coupe »… Ce qu’on voit marqué souvent sur les étals des fromagers… qui vous coupent puis vous pèsent, puis vous vendent un morceau de fromage… Et ça s’oppose à la vente de morceaux prédécoupés et pesés, ou à celle de fromages entiers (camemberts, coulommiers, Pont l’Evêque…).
On voit bien que l’expression « à la », ou « au », lorsqu’il s’agit du masculin, est souvent employée… Ainsi, on distingue ce qu’on vend au poids, et ce qu’on vend à la pièce… Petits pois « au poids », et choux-fleurs « à la pièce »…
On vend également « à la criée »…, belle expression ancienne, qui évoque à la volée… Au départ, la « vente à la criée » était une « vente aux enchères »… Le vendeur annonce, crie un prix de base, et les volontaires enchérissent à qui mieux mieux… La criée a fini par désigner le lieu où cette vente a lieu… souvent sous une halle… et maintenant ne désigne le plus souvent qu’un marché aux poissons, qui se tient le matin, quand les pêcheurs rentrent de leur première sortie…

On parle aussi de « vente à la sauvette »… expression charmante et peu précise… Une vente, en général, dans la rue, sans autorisation, sans payer patente… de produits… parfois volés… mais pas forcément… qu’on vend … comme ça… Et si un agent de police arrive… Hop ! on se sauve… A la sauvette.

Notons enfin quelques dissymétries. On dit « vendre en gros », mais « au détail »… C’est-à-dire que, soit on vend en grosses quantités, à des revendeurs… des boutiques, des intermédiaires… soit on vend en petite quantité… au détail… à ceux qui achètent les produits pour les consommer…