IVG (Interruption Volontaire de Grossesse)

Par: Yvan Amar

Trente ans pour la loi Veil. Ça vaut bien une chronique. Surtout, en ces périodes où cette loi, sans être vraiment menacée, semble un peu fragilisée, remise en question…

On se souvient, en tout cas, que cette loi qu’on appelle Veil, du nom de Simone Veil qui l’élabora et la fit voter alors qu’elle était ministre de la Santé, au début du septennat de Valéry Giscard d’Estaing, est celle qui a légalisé l’avortement. Et qu’on l’appelle aussi loi sur l’IVG.

Le point sur ces appellations. Bien sûr, on ne l’a pas appelée loi sur l’avortement, cette loi. Alors qu’est-ce que c’est que cette IVG ? Un sigle qui se développe en « interruption volontaire de grossesse ». L’IVG est donc une opération qui consiste à ôter le fœtus de l’utérus de la mère, avant terme. Donc à empêcher la grossesse d’aller jusqu’à son terme. Et d’empêcher la naissance du bébé qui était « en route ». Le terme d’IVG est donc manifestement technique et médical. Et il est assez compréhensible qu’il figure dans la dénomination courante de la loi : il a servi à dépassionner le débat.

Alors, voyons la différence qu’il peut y avoir entre avortement et IVG. Les deux termes sont loin d’être interchangeables.
On l’a dit : l’IVG est une opération, un geste médical et chirurgical. Et le sigle l’ancre dans une pratique médicale. Légalisée.
L’ « avortement » est un mot beaucoup plus large. D’abord, même s’il est peu employé dans ce sens, il a pu signifier « fausse couche ». C’est-à-dire un échec de la grossesse qui n’a pas été provoqué délibérément.
Mais surtout, l’avortement ayant longtemps été interdit en France (et il l’est encore dans un certain nombre de pays), le mot est très fortement marqué par l’histoire juridique : l’avortement était crime ou délit avant sa dépénalisation. Et de plus, moralement et religieusement marqué… et il l’est toujours. L’avortement était condamné par une morale sexuelle stricte… Il était souvent considéré comme la deuxième faute : la faute de celle qui a pêché et qui, en plus, veut effacer son pêché ! Attention, avant que la loi Veil ne passe, c’était le seul mot qui existait. Il n’était donc pas tabou, et on l’employait clairement pour faire légaliser ces pratiques : le MLAC, Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception, a beaucoup œuvré pour faire évoluer les mentalités.

Mais il n’empêche qu’« avorteur » ou « avorteuse » ont toujours été des mots qui stigmatisaient, qui accusaient, qui montraient du doigt.
Et, à l’époque des avortements illégaux et clandestins, on ne manquait pas d’images pour désigner ceux ou celles empêchaient la venue d’enfants non désirés : les faiseuses d’ange, par exemple, auxquelles on prêtait facilement des allures de sorcière…