SERIAL LOSER/SERIAL KILLER & Compagnie
Par: Yvan Amar
« Serial loser », Jacques Chirac ? Ce n’est pas très aimable pour le Président de la République. C’est pourtant comme ça que le qualifie le journal « Libération » qui fait état de nombreux articles, glanés dans la presse européenne, où l’on présente Chirac comme abattu, sans ressort, impopulaire, en fin de course, voire en fin de carrière… L’image de quelqu’un qui perd la partie… Ce ne sont que des citations de journaux étrangers qui n’engagent que leurs auteurs.Pourquoi « serial loser »… Expression à la mode anglaise, qui signifie « perdant » en série… Un mot d’abord sur le « loser »… mot anglais, à la mode depuis quelques années, qu’on oppose souvent à « winner »… Le « loser », littéralement le perdant, est celui qui perd toujours… ou presque. Qui est destiné à perdre. Parce que c’est son destin ? Pas vraiment… mais plutôt parce que c’est son caractère. Parce qu’inconsciemment, il se débrouille pour perdre, il évite de faire ce qu’il faut pour gagner… Est-ce un portrait fidèle du chef de l’Etat ? Pas vraiment ! Mais, il est vrai qu’en même temps que sa capacité à dépasser les échecs et à durer dans la vie politique, on a souvent souligné des pratiques politiques qui le mettaient en danger. C’est pour ça que les journalistes ont ajouté « serial » à « loser »…
Alors, comment expliquer cette expression ? C’est un détournement de l’expression américaine « serial killer »… qui signifie « tueur en série ». Une expression qui a été inventée pour désigner ce type spécial de criminel, qui frappe plusieurs fois… et toujours un peu dans les mêmes circonstances. Crimes à caractère sexuel en général, crimes de folie, qui naissent d’une compulsion, d’un élan non maîtrisé…
Mais, pourquoi ce recours à l’anglais pour les désigner ? D’abord, on le sait, la mode est à l’anglais. Ensuite, ce sont peut-être les Américains qui ont, les premiers, fait parler de la police scientifique qui tentait de dépister ce genre d’assassins… le tout relayé par les romans et le cinéma…
Et, comme la formule est à la mode… on parle de « serial lover » pour les Dom Juan, ou de « serial loser » pour les perdants.
On a, pourtant, un équivalent français assez satisfaisant : on parle de « tueurs en série » (j’entends que l’expression est satisfaisante… Je ne suis pas là pour faire l’apologie de ce genre de personnages…). Et le mot de « série » évoque bien, en français, aussi bien qu’en anglais la répétition de choses, de faits, de pratiques identiques… Et cette suite, étymologiquement, correspond à une image d’entrelacs… Les éléments d’une série se tiennent et se touchent… on n’est pas loin de l’image de la corde tressée… ou de la chaîne… Et d’ailleurs, on dit « en chaîne » comme on dit « en série ».