PRIX NOBEL
Par: Yvan Amar
C’est la semaine des prix Nobel. Chaque année, on retrouve ça : une semaine pendant laquelle les cinq prix Nobel sont décernés… On renouvelle le cheptel, et on a des Nobel tout neufs. Des Nobel tout neuf ? Drôle de formule ! Mais, il est vrai que le prix Nobel est pour chacune des cinq disciplines concernées la plus prestigieuse des distinctions. Alors, bien sûr, lorsque quelqu’un se la voit accorder, on dit : « Il a eu le Prix Nobel ! ». Mais, ce genre d’honneur vous colle à la peau… Et les années passant, on continue de dire de lui… non seulement, il a eu le prix Nobel... mais c’est un prix Nobel… il a été prix Nobel en 1935 ou 1965… ou 2005… Il y a eu un grand dîner chez Madame Verdufoie : il y avait deux Nobel à sa table…Et ces prix sont si connus que souvent… on ne mentionne même plus que ce sont des prix ; on dit… il aura peut-être le Nobel. Dit-on de quelqu’un qu’il a été nobelisé ? On l’entend, il est vrai. Mais, la formule reste familière et osée… Il a encore de la familiarité dans cette expression. Elle n’est guère employée que par ceux qui, en se permettant telle audace, veulent faire croire qu’ils traitent de pair à compagnon avec les lauréats. Et si cette formule a été inventée, c’est aussi parce que Nobel rime avec label. Et que nobelisé se forme sur le modèle « labellisé ».
En revanche, nobelisable est courant. Même si le mot reste d’une familiarité à la fois journalistique et désinvolte. Et il signifie simplement susceptible d’être couronné par le prix Nobel. Le nobelisable est sur les listes. Il est parmi les favoris, même s’il n’est pas sûr qu’il reste en course jusqu’au bout. Il a prouvé par son travail, mais aussi par sa notoriété qu’il pouvait prétendre au titre… Et ce mot inventé est, bien sûr, à mettre dans le même panier que tous ceux qu’on entend à la veille d’une échéance, d’une nomination ou d’une élection importante : présidentiable, premier ministrable, goncourable (ça, on en parlera davantage encore dans trois semaines)… ou même papable comme on l’a beaucoup entendu après la mort de Jean-Paul II.
Alors un mot sur le nom du Prix : c’est celui d’un aventurier chercheur industriel, Alfred, enrichi par la mise au point, la fabrication, la vente de produits tels que la dynamite ou la nitro glycérine. Fortune explosive qu’Alfred voulut rendre à ceux qui faisaient des efforts pour la paix. C’est ainsi que son testament prévoit que cinq prix annuels soient distribués à des chercheurs qui se sont particulièrement illustrés en physique, chimie, médecine, littérature, et pour la défense de la paix. Et les mathématiques, alors ? De méchantes langues disent qu’une rivalité amoureuse a voulu qu’il n’y ait pas de Nobel de mathématiques, le séduisant Alfred ayant été supplanté par un mathématicien dans le cœur de la charmante Sophie Hess, qui avait eu, paraît-il, des faveurs pour l’un d’abord, pour l’autre ensuite.