LE MONDE CHANGE

Par: Yvan Amar

Le monde change… Une phrase familière aux auditeurs de RFI, puisque c’est le titre de l’émission quotidienne de Patrick Chompré… Et aujourd’hui, le monde change à un double titre : la nouvelle formule du Monde voit le jour. Mais, dans ce cas-là, il s’agit du quotidien français qui innove donc et entre dans une nouvelle étape de sa carrière. Le Monde change… avec un grand « M ». Car le Monde est le titre, on le sait d’un des plus célèbres journaux français. Né à la Libération, créé à l’initiative du Général de Gaulle, qui en confia la direction à Hubert Beuve-Méry, il était censé être le journal de référence pour l’information. Ni sensationnel, ni aguicheur, informant en replaçant les événements dans leur contexte, sérieux, et même peut-être un peu austère, c’est un journal ambitieux mais, a priori, pas prétentieux… ou tout au moins, qui cache sa prétention… Et pourtant… s’appeler le Monde… s’afficher comme étant le miroir du monde… c’est naïvement se croire tout puissant…

Mais, ce journal n’est pas le seul à arborer cette arrogance. En Allemagne, on a bien Die Welt, qui signifie la même chose. Et le Monde français succédait à un journal d’avant-guerre dont le titre embrassait tout aussi large : le Temps, qui a aussi son symétrique, encore vivant outre-Manche : le très britannique Times.
Tout cela révèle donc une volonté de rendre compte de l’univers tout entier : on dit tout et rien ne nous échappe.

Mais, depuis combien de temps, ce mot de « monde » est-il si englobant ?
Il l’était beaucoup moins à sa naissance. Les premiers sens de mundus en latin, renvoient à la désignation d’un coffret dans lequel la mariée apportait son trousseau… Puis, « monde » a naturellement voulu dire toilette, et a été associé à tout ce qui est coquet, propret, apprêté… (et on se souviendra en passant que « monde » a un contraire en français : l’adjectif « immonde »… qui signifie très sale, répugnant…)

Deuxième série de sens, apparemment sans rapport avec le premier… « monde » signifie « univers ». Et c’est le sens du mot actuel. Le monde, c’est donc la création (« depuis que le monde est monde »…). Avec d’ailleurs, souvent, un écho religieux : on oppose « notre » monde à l’autre monde… l’au-delà, le monde après la mort, qu’on voit tour à tour sous les traits du Paradis ou ceux de l’Enfer.

Mais, le monde représente souvent aussi la Terre, le globe : courir le monde, le vaste monde. Et on peut même préciser : depuis les grandes découvertes, on a le Nouveau Monde (les Amériques) et l’Ancien.

Et, par extension, le mot va désigner les gens, la foule… il y a beaucoup de monde aujourd’hui… un monde fou… peu de monde… Ça se module… Ça a un sens collectif. Mais, ça ne se met pas au pluriel : on ne dit pas « Tout le monde sont là. »