AIR

Par: Yvan Amar

150 A320 vendus à Pékin ? Joli contrat, qui met à l’honneur Airbus et ses avions. Airbus ? C’est le nom d’un « avionneur », comme on dit, une compagnie européenne qui conçoit, fabrique et, accessoirement, vend des avions. Mais, ne les fait-elle pas voler ? Que nenni ! Elle les livre et ensuite, les fait voler qui veut ! C’est qu’Airbus n’est pas une compagnie aérienne. Elle n’organise pas de transport aérien. Ce qui peut prêter à confusion, c’est son nom, qui commence par « air ». Le nom n’est pas mal choisi : on sent que sa vocation est de fabriquer essentiellement de gros avions, qui sont susceptibles de proposer un transport de masse… enfin, en tout cas, pour de nombreux passagers, et donc peut-être de démocratiser et de banaliser la voie des airs. On prend l’avion comme l’autobus. Et c’est le radical « bus », qui occupe cette fonction.

L’autre partie du nom « air » est souvent associée à des noms de compagnie aérienne justement : Air France, Royal Air Maroc, Tunisair… un mot qu’on va retrouver dans bien des langues : British Airways, Finnair, Aeroflot. Alors, bien sûr, de très nombreuses expressions font partie du vocabulaire de l’aviation : conquête de l’air, armée de l’air, hôtesse de l’air, pirates de l’air.

Mais, pourtant, « air » est un mot assez spécial en français : il a des sens extrêmement différents. Au sens propre, on peut dire que c’est le nom d’un gaz, d’une combinaison de gaz qui permet la vie sur Terre, et qui nourrit la respiration des êtres vivants. Mais, l’air représente aussi l’atmosphère, tout ce qui nous entoure, qui est autour de nous, et surtout… au-dessus de nous… Et bien d’autres choses encore : l’allure qu’on peut avoir : « il a un drôle d’air celui-là » ; une mélodie musicale : « quand un air vous trotte dans le tête, c’est bien difficile de s’en séparer »…
Mais, c’est plutôt l’air qui plane sur nos têtes qui m’intéresse, celui qui évoque à la fois la hauteur et la légèreté. Et souvent, pour ne pas le confondre avec d’autres, on le met au pluriel : on dit qu’un oiseau vole dans l’air. Plus fréquemment encore, on dira qu’il vole dans les airs. Ce pluriel donne peut-être une tournure plus raffinée à la phrase… pluriel poétique, disait-on jadis. En tout cas, il n’a, en aucune façon, un sens pluriel, et renvoie juste à une certaine idée de la hauteur.
… Idée qu’on trouve précisée dans de nombreuses expressions : « en l’air » est probablement la plus évidente : ce qui est en l’air c’est ce qui n’est pas en bas, en tout cas, pas par terre. Et c’est souvent le simple synonyme de « en haut ». Comme dans des expressions telles que « mettez les mains en l’air » synonyme de « haut les mains ». Il ne s’agit pas de les élever bien haut… Et l’expression prend même parfois le sens de « tout dérangé », voire « tout cassé, tout raté ». Notamment dans des expressions familières : « tout envoyer en l’air », ou même « ça va tout fiche en l’air » : c’est-à-dire ça va tout faire rater…